ACTUALITÉ ET PROJETS
Page Avril
Voici une réflexion issue d’un atelier présenté par Karen Minikin à Hinckley début avril qui m’a permis de mettre des mots sur un ressenti, voire inconfort jusque là resté vague, et pourtant présent dans maintes situations.
L’idée centrale de son atelier était d’établir un parallèle entre le processus historique de colonialisation et les potentiels abus de pouvoir liés aux statuts sociaux dans notre société actuelle. Par extension il s’agissait de porter un regard critique sur notre propre statut de professionnels de l’éducation et de la relation d’aide , « supposé sachant », et qui par l’utilisation de la théorie et des dynamiques relationnelles peuvent se placer dans une position de domination et de prise de pouvoir sur l’autre.
J’y vois plusieurs mises en garde importantes
- quand nous nous sentons menacés et que nous entrons en contact avec notre vulnérabilité, l’une des issues qui se présente à nous est d’établir un diagnostic, , ce qui nous permet de nous abriter derrière le bouclier de la théorie dans un premier temps. De plus le focus se déplace sur l’autre dont le comportement, les pensées et les émotions sont analysés , voire pathologisés, ce qui donne une « bonne raison » à notre propre inconfort.
- il apparaît dès lors qu’il est désespérement facile de se comporter comme un oppresseur qui avec parfois les meilleures intentions du monde, explique, cherche à convaincre, voire à changer l’autre. Et comme dans tout processus de colonisation, l’oppresseur quand il donne , prend également dans le même temps. Il peut s’emparer, dans ce cas précis, des pensées, idées, émotions, cadre de référence, voire même de l’histoire et souvenirs de l’autre.
- je tiens à me souvenir de cela pour les occasions à venir où je risquerais de me comporter comme un colon à la conquête de territoires inexplorés et « venant en aide » à des populations « supposées non sachantes » , car malgré les meilleures intentions du monde il est toujours possible d’envahir l’autre et de le blesser.
- je veux m’en rappeler lorsque je me sentirai à mon tour colonisée par d’autres dans des positions de pouvoir cherchant à faire pression et à me convaincre du bien fondé de leurs arguments. Savoir que cela provient probablement d’un mécanisme de défense m’aidera à me positionner différemment et à me respecter dans la relation.
En conclusion, il est dangereux de considérer une théorie quelle qu’elle soit comme une vérité universelle, ce qui nous entrtaîne dans une démarche de colonisation. Il est utile de se se décentrer pour identifier les dynamiques de pouvoir en action dans nos relations aux autres, en particulier dans un contexte où notre statut entre en jeu.
( une formulation ma foi bien éclairante !)
Evelyne Papaux
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