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Actualité et projets Février 2014 « Fin
du premier semestre » rime généralement à l’école avec « séance des
enseignants » qui se regroupent, une fois n’est pas coutume, pour
échanger au sujet de leurs expériences en classe et relations avec les
apprenants. J’ai remarqué un thème récurrent et très émotionnel :
comment faire pour capter l’attention des apprenants, ... pour disent-ils,
canaliser le groupe et se faire respecter.... Ces difficultés provoquent du
désarroi, voire même un sentiment d’impuissance, générant parfois beaucoup de
colère ou alors des attitudes de démission. Si l’on en
croit le titre du livre de Jean-Paul Gaillard, « Enfants et adolescents
en mutation » ce constat n’est pas isolé et s’explique par une transformation
progressive de la société qui nécessite de « relancer l’imagination créatrice en pédagogie » en prenant
en compte ces modifications. Certains points sont relevés dans cet ouvrage,
tels que : 1. Les mutants ne sont plus façonnés pour intégrer l’autorité de mode paternel 2. Ils ne peuvent plus intégrer les modes d’apprentissage fondés sur la soumission au savoir du maître 3. Ils ne peuvent plus apprendre le respect qu’à partir du respect qu’on leur accorde 4. Ils n’apprennent de nous que ce qu’ils nous voient faire nous-mêmes Face à
cette situation qui déstabilise, heurte, met en péril les certitudes et
habitudes, la tendance est de s’offusquer, de se replier et de se protéger en
ajoutant des règles, resserrant le cadre, en affirmant son autorité par des
sanctions, voire punitions. Pour ma
part je suis perplexe .... Je suis convaincue qu’il est plus judicieux
d’adopter une métaperspective et de considérer le
système dans son ensemble, sinon le risque est de faire « plus de la même
chose qui ne marche pas ». Ma tendance naturelle est plutôt de me
remettre en question, car la relation éducative est un processus de coconstruction. Je me rappelle alors un texte de P.Meirieu qui suggère que face aux « comportements
dissidents » de certains enfants, l’éducateur doit s’arrêter et repenser
le cadre, inventer et émanciper... Inventer, soit créer de nouvelles
situations, de nouvelles occasions pour permettre à l’enfant de se libérer de
ce qui l’assigne à reproduire son passé, créer de nouvelles conditions de
l’étonnement et du dépassement. Inventer
pour mobiliser et non contenir pour se protéger. (Meirieu page
208) Emanciper, soit permettre à la personne
de se faire ouvre d’elle-même en articulant ce qu’elle est avec ce que les
autres qui l’entourent lui transmettent. Favoriser autant que possible
l’accès à la pensée. Emanciper pour
promouvoir un sujet libre et solidaire et non normaliser pour produire des
consommateurs standardisés. (Meirieu page 208) Je
retrouve de l’espoir, je me dis que tout l’art de la relation éducative
consiste à rejoindre l’autre, au-delà des liens asymétriques....Demain c’est
sûr je vais acheter l’ouvrage sur « les enfants et adolescents
mutants », peut-être y a-t-il aussi des enseignants et formateurs
mutants ? Bonne
suite Evelyne
Papaux Références :
Gaillard,
J-P., Enfants et adolescents en
mutation. Collection : Art de la psychothérapie. 2013 Meirieu, P.,
Lettres aux grandes personnes
sur les enfants d’aujourd’hui. 2009 |
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