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Actualité et projets Mars 2014 Depuis plus d’une année
j’ai été sollicitée à plusieurs reprises pour animer une réflexion sur le
thème des conflits entre enfants auprès de professionnels de l’éducation. Je
trouve ce sujet passionnant et la démarche que je choisis est de présenter
une vision constructive du conflit et de replacer cette notion par rapport au
développement de l’enfant et à l’acquisition progressive de compétences
sociales. Cela permet à chacun de s’en faire une représentation positive, de
l’apprivoiser et de développer des stratégies pour accompagner l’enfant dans
ce processus d’individuation et de socialisation. Car comme le dit Albert
Jacquard, « Quel plus beau cadeau
peut nous faire l’autre que de renforcer notre unicité, notre originalité en
étant différent de nous ? Il ne s’agit pas d’édulcorer les conflits, de
gommer les oppositions, mais d’admettre que ces conflits, ces oppositions
doivent et peuvent être bénéfiques à tous. » Le conflit est défini comme
l’opposition d’éléments, de points d’intérêts, de sentiments contraires. Son origine peut être de plusieurs natures : ·
Conflit de valeurs : les valeurs sont transmises par la famille,
la culture et il se peut que mes comportements soient vécus comme une transgression des valeurs de
l’autre, une agression. ·
Conflit d’intérêts : chacun a des désirs, des projets et il se
peut que mes démarches viennent à l’encontre de tes projets. ·
Conflit de besoins : dans un même instant des personnes en
présence peuvent avoir des besoins contraires. ·
Conflit d’identité : chacun cherche à définir son identité et la
manière dont il espère être reconnu dans un groupe. Cela va entraîner un
besoin de défendre un espace personnel,
de maîtriser le regard des autres sur soi et l’effet produit, d’avoir
une place dans le groupe et d’être accepté tel que l’on est. Le conflit est alors tout à
la fois une force de socialisation et de reconnaissance de l’autre différent
de soi, une forme de respect de soi-même et de ses propres opinions, une
manifestation de courage pour se faire reconnaître et entendre, la décharge
d’un trop plein de douleur ou d’émotions contenues. Et qu’en est-il pour
l’adulte ? Est-ce similaire, différent ? Il m’apparaît que la
nature du conflit et ses motivations identitaires sont au centre du phénomène
quelle que soit l’étape de croissance de l’individu. L’identité c’est ce qui
fait que je suis « moi », un être différent des autres dont je suis
capable de circonscrire les frontières, à travers la question de l’identité
chacun se pose aussi celle de ses limites et de sa place par rapport à
autrui. Pour se sentir exister il faudrait ainsi se voir exister dans le
regard des autres, être identifié et reconnu par eux. Cette manière
d’expliquer le conflit permet
d’identifier le besoin et le manque, de donner du sens aux sensations et
émotions qui s’y associent. Cela ne facilite pas pour autant l’accueil de
cette vague de fond qui déstabilise et invite au changement, demande de se
positionner pour reprendre pied. Kabat-Zinn, quant à lui, dit
que « l’interconnexion des choses
et des êtres est un principe fondamental de l’univers. (...) Il s’agit
de voir les choses sans les déformer par nos processus de pensée. Cela
correspond à percevoir que tout est interconnecté et que, si notre conception
conventionnelle du « moi » peut être utile, elle n’est pas basée
sur une vérité absolue ni permanente. » Ainsi s’ajoute une nouvelle
perspective qui place le conflit dans une dimension plus globale encore, le
conflit n’est peut-être pas uniquement lié aux individus mais également à
l’environnement et aux systèmes dans lesquels ils vivent et évoluent, les
conflits peuvent avoir une fonction et un sens pour le système lui-même. Comme disent
mes amis anglais, this is
food for thought ! Evelyne
Papaux |
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