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Actualité et projets Octobre 2013
En ces temps
d’automne, le mouvement se fait vers l’intérieur, l’intérieur des maisons et
l’intérieur de soi. Un temps propice à la réflexion avant la frénésie de
décembre, le moment de glaner les rayons lumineux et l’énergie des couleurs
de la nature avant l’hiver et la fin de l’année. La fin de l’année qui
coïncide pour certains avec la fin de leur parcours de formation. En ce mois
d’octobre j’accompagne plusieurs personnes vers leur « examen final » et
j’observe les sentiments mélangés que cela leur procure. Dans un même temps
un soulagement, comme une délivrance d’un processus parfois long et parfois
lourd et l’anticipation joyeuse de la réussite et d’un «après» allégé mais
également un sentiment de tristesse empreint du regret de la stimulation et
d’insécurité devant l’inconnu de «l’après».
Un examen
représente certes la présentation de son travail, de ses compétences, la
synthèse de ses acquis, la mise en valeur de son identité professionnelle.
Mais un examen c’est aussi un rituel de passage, une étape présentant une
dimension de défi. Voici l’occasion de réfléchir à la symbolique du rituel de
passage véhiculé par la situation d’examen, de s’arrêter sur le sens du
rituel dans sa dimension sociale et spirituelle, car le rituel revêt une importance
particulière dans le parcours personnel et professionnel des individus. Le rituel devient enveloppe protectrice à
l’intérieur de laquelle des actes de partage et de communication prennent
sens et vie. (Revue petite enfance n°65) Je
veux parler ici de rite ou rituel au sens décrit par Marine Segalen: le rite ou rituel est un ensemble d’actes
formalisés, porteurs d’une dimension symbolique. Le rite est caractérisé par
une configuration spatio-temporelle spécifique, par le recours d’une série
d’objets, par des systèmes de comportements et de langage spécifiques, par
des signes emblématiques dont le sens codé constitue l’un des biens communs
d’un groupe. (Rites et rituels contemporains. Nathan 1998)
Dans notre
existence, nous vivons de nombreux passages, de nombreuses transformations…
nous avons tous une histoire personnelle, une pratique sociale des passages.
Elles forgent notre représentation, teintent notre manière de les vivre et de
les penser pour les autres. Dans le langage courant nous parlons de «passer
un examen», passer signifiant traverser des épreuves, les vivre, les
ressentir, en garder trace ; Il s’agit d’un passage entre la sphère privée et
la sphère publique. Le rituel est une
cérémonie qui, dans le déroulement d’une vie d’homme, marque la séparation
entre une étape qui finit et une autre qui commence. Le rituel en lui-même
comporte trois moments : la séparation d’avec l’étape antérieure, la phase
transitoire et périlleuse, la réintégration de l’individu dans le groupe.
(Encyclopédie universelle). Selon Bourdieu le rite a ainsi une fonction
sociale, qui sanctionne et sanctifie le
nouvel ordre établi par une instance de légitimation, ainsi le rite ne peut
être autoadministré. Le rite a aussi pour but
de renforcer le sentiment d’appartenance, un moyen pour le groupe social de
se réaffirmer périodiquement. Le rite a
aussi pour but de rattacher le présent au passé, l’individu à la communauté.
(Les rites comme actes d’institution. 1982) Ainsi si passer un examen
s’inscrit dans le rituel avec toutes les dimensions décrites ci-dessus, en
être conscient lui donne un sens particulier. C’est une réflexion qui va
m’accompagner lors des prochains examens auxquels je vais assister ou
organiser, afin que le sens du rituel nous inspire et nous soutienne. Bonne
suite à tous ceux qui s’y préparent de près ou de loin.
Evelyne Papaux
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